Fin août-début septembre. Matin de ciel bleu, pas de vent. Je m’en vais découvrir trois ports-abris du Cap Sizun, ceux le plus à l’ouest, nichés ou accrochés dans le décor minéral de cette fin de continent. Pour les trouver, il faut au préalable bien les situer sur une carte car ils sont farouches, sauvages ; ils ne se laissent pas connaître si facilement ! Leur nom l’indique bien : ces ports avaient pour première vocation de protéger les bateaux de l’Océan Atlantique, ses courants, ses tempêtes. Les infrastructures aménagées là permettaient d’y débarquer le poisson et de hisser les embarcations à flanc de falaises. Des événements liés à l’histoire de la Résistance y ont eu lieu ; des légendes y sont nées.
Pors Théolen est le dernier des ports-abris de la côte nord du Cap Sizun, avant la Pointe du Van. À ma gauche, le sentier côtier, le fameux GR 34. À ma droite, une petite maison aux volets bleus avec une terrasse qui donne sur la baie de Douarnenez.
Le bleu clair du ciel lié à celui plus foncé de la mer m’appelle et me pousse à voir de plus près la crique du port. Au centre, un gros rocher semble dissuader de tout mouillage prolongé ; au loin, au sommet d’une falaise très haute, on aperçoit un amer, point de repère et de calcul qui servait d’alignement pour les essais de vitesse des bateaux de la flotte Royale.
Je poursuis ma route… et me dirige vers un autre abri situé dans le cadre grandiose de la Pointe du Raz. Entre la Pointe du Raz et la Pointe du Van pour être exact.
Cadre grandiose, oui, et changeant, et ce matin, loin des clichés : on est ici, pleinement, ou bien ailleurs, en Algarve, à Capri ou en Algérie. Par ce temps, on peut embrasser du regard la Pointe du Raz (qui s’étire doucement dans l’eau si curieusement calme), le phare de la Vieille …
… et l’Ile de Sein, qui flotte entre ciel et mer comme un mirage, un dernier adieu terrestre avant l’infini de l’océan.
Plus bas, j’arrive au port du Vorlenn…
Du haut de la cale, je ressens un léger vertige, une envie de sauter dans la mer translucide. Les infrastructures de ciment font corps avec la pierre. Des bateaux hissés, d’autres amarrés tissent une sorte de géométrie insolite. Au-delà, la baie des Trépassés. Ces noms, ces formes, ce paysage invitent naturellement aux légendes : on disait d’ailleurs que c’est d’ici que les morts rejoignaient l’Ile de Sein à bord du « Bag Noz », le bateau de nuit. Aujourd’hui, cet abri permet de débarquer les pêches îliennes et locales.
Je continue mon petit périple vers la côte sud cette fois, vers un autre abri… haut lieu de résistances, où…
…résister permet parfois de préserver ce qui doit rester intouchable, n’est-ce pas ?
Voici le treuil mentionné plus haut dans l’historique.
En remontant, je m’arrête encore, fasciné par cette falaise accidentée, ses saillies, ses ombres, ses anfractuosités (la « fontaine chaude », comme on la nomme ici, se trouve-t-elle là ?) et par ce mur énigmatique, comme un vestige d’un autre temps.
12h30, je repars, j’irai jusqu’à Audierne manger quelque chose.
À suivre…
Merci pour ces belles photos, que de souvenirs ….
J’adore ces endroits et ne m’en lassent pas !!!