A Pouldreuzic, on a le cidre, le pâté… et on a aussi le safran ! Anne Roche et son mari se sont lancés dans cette culture originale en 2011, et ont obtenu la médaille d’argent au Concours Général Agricole de Paris en 2014. Pour la première fois (et sans doute pas la dernière), j’ai participé cette année à la récolte du safran bio bigouden.
Le rendez-vous est pris par une belle journée d’octobre. Il est 10 heures et après une nuit fraîche, le soleil commence à nous réchauffer. C’est le climat idéal pour le bulbe de Crocus Sativus, qui aime les écarts de température entre le jour et la nuit.
Une récolte qui ne peut attendre…
Le bulbe fleurit entre début octobre et fin novembre. Les fleurs ne vivent que 24h et doivent être récoltées dès le matin, pour avoir le temps de passer toutes les étapes dans la même journée. En à peine une demi-heure, le temps d’accueillir les autres visiteurs et d’écouter les consignes sur la récolte, les fleurs se sont ouvertes, nous montrant leurs plus belles couleurs et surtout le rouge flamboyant de leurs pistils.
Chacun choisit sa rangée et mon panier au bras, je commence la récolte. Les fleurs sont fragiles, les paniers se remplissent dans une ambiance calme et zen. Concentration et délicatesse sont de mises ce matin, j’ai entre les mains l’épice la plus convoitée au monde…
De la fleur à l’épice, une histoire de temps…
Une fois ma rangée terminée, je me rends au chalet pour passer à la seconde étape : l’extraction des pistils sur chaque fleur. La maman de Anne, venue renforcer l’équipe pour la période de récolte, nous montre comment écarter les pétales pour récupérer le pistil.
Le travail est tout aussi minutieux, mais toujours très reposant. Tous autour d’une table, nous discutons, un peu de voyages, beaucoup de cuisine… Anne et sa maman nous mettent l’eau à la bouche avec leurs recettes : sablés, crème brulée, poisson… le tout cuisiné au safran, bien sûr !
Le travail s’arrête là pour nous, mais pas pour Anne qui va maintenant faire sécher les pistils au four durant plusieurs heures. C’est lors du séchage que se crée la réaction chimique qui transformera le pistil en épice. Avant le départ, l’heure est à la dégustation de produits safranés : miel, gelée de pommes, vinaigre… Je ne résiste pas à l’achat d’un petit bocal de safran et reçois les conseils de Anne pour en libérer tous les arômes.
C’est enchantée que je quitte la safranière de Kérintec. Le safran aurait des vertus médicinales, notamment comme antidépresseur et euphorisant. A en juger par le sourire des cueilleurs du jour, on ne peut qu’y croire !